Du cadre théorique au cadre pratique
Après avoir exposé le versant «objectif» de la méditation en décrivant ses effets physiologiques, nous avons évoqué le vécu subjectif qui correspond à la «psychologie de la méditation». Pour plus d’information, nous renvoyons à quelques ouvrages spécialisés : ceux de Mark EPSTEIN, David FONTANA, Jean-Pierre SCHNETZLER et Jacques VIGNE.
Nous avons vu qu’en Europe, au début du XXième siècle, alors que la psychanalyse prenait un essor qui allait déterminer l’histoire de la psychologie pendant plusieurs décennies, quelques praticiens ont développé des méthodes psycho-corporelles directement en rapport avec la méditation; il s’agit principalement de Roberto ASSAGIOLI, Carl HAPPICH, Carl Gustav JUNG et Johannes-Heinrich SCHULTZ dont le Training Autogène est intégré dans l’enseignement de la sophrologie. Cependant, pour la pratique plus spécifique de la méditation, CAYCEDO s’est plutôt inspiré du ZEN.
Dans cette troisième partie de notre article, nous allons essayer de montrer quel type de processus est à l’œuvre dans la pratique; ensuite, nous attirerons l’attention sur quelques difficultés ou dangers qui se présentent au débutant et aux habitués de la méditation.
Réexaminons à nouveau la méthode que Sri AUROBINDO propose dans son Yoga intégral. Le processus est d’une apparente simplicité qui le rend accessible à tous, sans présupposés philosophiques ou religieux particuliers; nous savons cependant qu’à travers notre culture, nous participons inévitablement à certains paradigmes, à certains systèmes de pensée, à une représentation du monde, qui influencent nos décisions et nos jugements.
1 Début de la pratique :
A partir du désir sincère de «rentrer en soi-même» (pratique d’intériorité), Aurobindo propose d’instaurer le silence mental.En voici le déroulement :
«Asseyez-vous en méditation,mais ne pensez pas, regardez seulement votre mental; vous verrez les pensées entrer dedans. Avant qu’elles ne puissent entrer, rejetez-les, et continuez jusqu’à ce que votre mental soit capable de silence complet.»
( cité par SATPREM dans «Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience»)
- «Asseyez-vous en méditation…»:
la question de la posture est simplifiée; quelle position assise? Suivant les traditions auxquelles on se réfère, la position varie ; en sophrologie, on insiste sur la position telle qu’elle est pratiquée en za-zen. Cependant, et c’est sans doute plus simple pour les débutants, il faut surtout exiger une position «droite mais pas rigide», c’est-à-dire une position qui respecte la courbure de la colonne vertébrale en position assise. On peut aussi parler de «position égyptienne» qui correspond à l’attitude hiératique des statues ou des personnages représentant l’autorité dans les fresques égyptiennes où l’on peut percevoir leur éveil intérieur. L’aboutissement idéal de la méditation est de pouvoir ouvrir les yeux sur le monde avec la force, le calme et l’éveil du regard intérieur.
Notez bien : Quelle que soit la position corporelle adoptée, il est nécessaire (et indispensable en tous cas pour les débutants) que la méditation soit accompagnée d’un ancrage corporel. Cela peut se faire par une série d’exercices qui précèdent et suivent la méditation (type élongation et/ou exercices respiratoires) ou par un rappel du corps en méditation (par la respiration et certaines sensations intérieures)
- «…mais ne pensez pas, regardez seulement votre mental; vous verrez les pensées entrer dedans. Avant qu’elles ne puissent entrer, rejetez-les,… »:
ces affirmations n’ont pas de sens dans notre éducation occidentale car on nous apprend habituellement que «ne pas penser», c’est impossible, ou inutile ou bien cela conduit à s’endormir ou bien, pour agir de cette manière, il vaut mieux aller au monastère (sous-entendu, ce type de comportement n’est pas conseillé dans notre culture). Devenir observateur de ses pensées n’est pas étonnant pour les philosophes ni pour les psychologues mais imaginer qu’elles viennent «de l’extérieur» est un contresens pour la psychologie et pour les neurosciences car chacun sait que c’est le cerveau qui pense. Et pourtant peut-on dire «je suis mon cerveau» ? ou «quand je pense, est-ce mon cerveau qui est responsable de ma pensée ; est-ce mon cerveau qui rend compte de l’identité (du « moi »,du « soi ») de celui qui pense» ?, autrement dit «mon identité réside-t-elle dans l’intégrité de mon cerveau ? ou de mon corps dans sa totalité?» ou «suis-je « plus » ou « autre » que mon corps?». Chacun répondra à ces questions suivant ses conceptions philosophiques.
« Pour ceux qui ont suivi une psychanalyse, l’idée d’ignorer le cours de leur pensée peut ne pas apparaître naturellement. Benson (1976) nous rappelle que la psychanalyse entraîne les personnes à considérer leurs pensées comme un lien vital avec leur “moi intérieur” (Inner self). Les personnes qui ont vécu cette forme de thérapie peuvent avoir au départ quelques difficultés à apprendre la méditation. » (Rosemary PAYNE,2000)
Reprenons le principe général de toute initiation qui est d’apprendre avant de comprendre, principe d’humilité qui nous mène à pratiquer des techniques apparemment absurdes selon notre logique mais qui nous ouvrent à ce monde paradoxal des états modifiés de conscience, la méditation en l’occurrence.
Apprenons donc à ne pas accrocher du regard tous les oiseaux ou tous les nuages qui passent dans le ciel. Laissons flotter la conscience dans des espaces libres de toute attache.
- «…et continuez jusqu’à ce que votre mental soit capable de silence complet.»:
cette première étape appelée «silence mental» demande des semaines ou des mois avant de s’installer durablement. La pratique régulière et la motivation engendrent automatiquement un résultat. Continuité, régularité, sincérité et motivation sont les branches sur lesquelles fleurissent les fruits de la pratique. L’enseignement traditionnel nous dit, de plus, que des événements particuliers (des synchronicitésen langage jungien) renforcent la motivation des méditant(e)s et les aident à poursuivre, à condition que leur désir soit sincère.
Durant toute cette première partie, la tâche du débutant est de construire un «moule de méditation», un contenantdans lequel pourra se développer le processus méditatif. C’est ici que les mots rendent difficilement compte du processus car le contenant, en méditation, n’est pas totalement séparable du contenu. On peut aussi parler du «champ», de «l’espace», du «support»,de la «base». Tous ces mots se résument à un creuset, une matrice à partir de laquelle le reste survient et se développe. C’est le mot matricequi exprime le plus adéquatement ce processus vivant dans lequel le contenant nourrit et fait vivre son contenu. Et, bien qu’ils soient séparables, le contenant et le contenu sont aussi indissociables: l’enfant ne vient pas au monde sans sa mère; une mère ne devient mère que par son enfant.
2.Que faire pour aller plus loin ?
C’est-à-dire, comment médite-t-on ? Y a-t-il autre chose que le silence ? Peut-on méditer sur le vide ? Y a-t-il intérêt à choisir un contenu ?
Pour l’être humain, le vide total, même s’il est chargé d’une potentialité totale, correspond à un élément déstabilisant; depuis nos ancêtres (culturels) grecs, la Nature a horreur du vide; celui-ci n’apparaît pas assez «solide», assez stable et sécurisant. Nous nous plaçons ici dans l’optique d’un(e) débutant(e) en méditation et nous n’entrons donc pas dans le débat de l’importance et de la signification du vide.
L’être humain est un être de matière et de forme; même s’il existe en lui une zone, un lieu sans forme, il a besoin, pour exister («ex-sistere»), de s’appuyer sur un support qui prend forme et qui lui permet de «tenir debout». Le vide n’est que la potentialité d’existence, ce qui rend possible l’émergence d’une forme dans un espace qui, s’il n’était pas (au moins partiellement) vide, empêcherait le déploiement total et l’accomplissement de toutes nos potentialités. C’est dans le contenu que nous percevons les fruits de la méditation.
Dans ses aphorismes sur le yoga, PATANJALI (IIIième siècle environ avant JC) distingue deux grandes voies de méditation: la méditation avec objetet la méditation sans objet.
Cela revient à faire un choix entre une méditation centrée sur le contenant (la vacuité) sans objet particulier et une méditation avec objet; celle-ci exige de choisir un contenu précis qui peut appartenir à n’importe quel registre de l’existence humaine.
A partir du silence mental, nous pouvons percevoir ce lieu intérieur du vide qui n’est pas le néant (encore que certains auteurs diront que c’est la même chose, puisque du point de vue philosophique, dès que l’on nomme une chose, on lui attribue une existence); nous percevons alors le support, le vase, le creuset, le moule dans lequel la méditation peut se produire. Nous pouvons rester dans cette matrice sans autre désir que d’y être.
La méditation sans objet ou méditation sur le vide (encore que le vide puisse être considéré comme objet) est difficile, longue, pénible et parsemée d’embûches. Elle correspond plutôt à l’esprit oriental et aux traditions bouddhistes et taoïstes.
La méditation avec objet est sans doute plus intéressante pour les occidentaux et correspond à une conception personnaliste de la réalité humaine. Elle paraît plus concrète, plus rapide et plus «efficace» (ce concept d’efficacité peut sembler totalement étranger au contexte de la méditation; il faut cependant bien reconnaître que l’on fait de la méditation «pour quelque chose ou pour quelqu’un» et non pas «pour rien», ce qui serait prendre au pied de la lettre l’affirmation que le monde est une illusion; il faut lire à ce sujet les analyses pénétrantes –et convaincantes me semble-t-il- de Sri Aurobindo).
3.Comment choisir un contenu ? Qu’est-ce qu’un objet ?
Nous proposons donc de ne pas partir dans le vide et de choisir un élément, un « objet », qui permette de stabiliser le processus ;
Un objet, au sens général du terme, cela peut être un mot, une phrase, une formule que l’on se répète, un objet symbolique que l’on visualise (par exemple, méditer sur une pierre, une fleur, un animal) ou d’autres types de méditation tels que l’on peut les proposer en sophrologie. Un objet classique de concentration, au début de la méditation, est la concentration sur une flamme de bougie.
Tout cela permet au sujet de rester centré sur un objet particulier. Cela peut paraître équivalent de la visualisation simple mais il s’agit d’une forme de visualisation dans un cadre méditatif, c’est-à-dire plus intériorisé, plus proche du processus même qui est à l’œuvre dans la visualisation.
L’objet ne peut être dissocié du sensqu’on lui donne ni du butque l’on recherche quand on médite; le choix de l’objet n’est pas anodin. Méditer sur « une vache » n’a pas le même sens que de méditer sur « une pierre précieuse » ou sur «un symbole » ou sur « un être humain » ou sur « un concept philosophique ou religieux ».
4.Quelques dangerset difficultés.
Nous retenons quelques dangers recensés par Rosemary PAYNE (2000)
« L’imagerie mentale et la visualisation ne sont pas indiquées pour les personnes souffrant de troubles mentaux sévères. L’imagerie est particulièrement contre-indiquée pour les personnes qui ont des difficultés à séparer l’imaginaire de la réalité et pour ceux qui présentent des hallucinations. »
Soulignons qu’il faut être prudent et compétent pour travailler avec des psychotiques et qu’il ne faut surtout pas le faire en phase de psychose aiguë.
« Le but de l’exercice n’est pas de créer une transe hypnotique… certaines personnes y sont plus sensibles que d’autres… Quand une personne est en transe hypnotique, la force de suggestion est augmentée. L’instructeur doit donc être conscient du phénomène de suggestion post-hypnotique.
Toute suggestion qui pourrait être appliquée incorrectement hors de la session de relaxation doit être évitée. D’une manière générale, cependant, les suggestions post-hypnotiques ne sont pas un problème vu que les individus tendent à résister à toute exhortation qui irait contre leurs buts personnels et leurs principes moraux. (Lynn & Rhue 1977) »…
« LARKIN (1988) donne des conseils intéressants pour le professionnel…., il peut terminer la session par une affirmation d’annulation telle que: “avant de terminer votre visualisation, annulez toute suggestion que vous ne voudriez pas mettre en pratique quand vous serez éveillé.” »
C’est tout le problème de différencier les états de conscience ; Il n’est pas facile, surtout à un observateur extérieur (un instructeur, un professeur), de voir la différence entre la visualisation (imagerie mentale), l’hypnose, la méditation et la simple relaxation. L’éthique et la déontologie font qu’un professionnel compétent ne dépassera pas ses limites et n’induira pas de suggestion inappropriée.
Dans le cas de certaines visualisations au cours de la méditation, il y a danger d’illusion; le fait de visualiser certains « objets » peut engendrer des expériences d’activation de la sphère physique et/ou psychique, parfois très attirantes (comme les sirènes d’Ulysse), de l’ordre de l’excitation sexuelle ou de l’ordre du pouvoir et de la toute puissance. D’où ce danger reconnu de la méditation dans certaines sectes, danger qui a malheureusement jeté le discrédit sur beaucoup de pratiques de méditation.
« Bien que l’idée centrale de la méditation soit de garder l’esprit (mind) concentré et éveillé, il arrive parfois que la personne perde le sens de qui elle est et où elle est, ou ressente l’impression d’être «hors de son corps». Ce sont des états de type «transe» (hypnotique) avec désorientation et dépersonnalisation. Dans ce cas, une stratégie de «grounding» (enracinement)…peut servir de remède. L’instructeur peut empêcher l’apparition de désorientation et dépersonnalisation en rappelant constamment aux participants de rester attentifs à leurs sensations corporelles (Fontana,1991)…
Il est possible qu’une personne fasse l’expérience d’états euphoriques durant lesquels elle peut croire avoir fait une découverte spirituelle importante. Fontana (1992) propose une approche prudente de toute interprétation d’un matériel issu du “moi intérieur” (Inner self). » (R. PAYNE,2000)
A nouveau, le danger de dissociation et de provoquer des états psychotiques doit être noté. Le danger d’inflation (sentiment de toute puissance) est réel. Les gourous (au sens négatif du terme) parviennent ainsi à provoquer des sentiments très forts qui renforcent les croyances sectaires.
« La méditation crée un état modifié de conscience… Il est…recommandé, pour débuter, de pratiquer de courtes sessions … de 5 minutes. Avec l’expérience, ce temps peut être augmenté…(15 à 20 minutes).. trop méditer peut faire courir le risque de se détacher de la vie quotidienne. Benson(1976) affirme qu’aucun des participants aux recherches qu’il a publiées n’a montré d’effets pathologiques après avoir médité 20 minutes deux fois par jour…
Bricklin (1990) a montré que le flux sanguin cérébral augmentait de manière importante durant la méditation, jusqu’à atteindre une moyenne de 65% plus élevée que la normale. Il ne serait donc pas approprié de pratiquer la méditation à un moment où le système cardiovasculaire est sollicité ailleurs…» (=digestion)…(R. PAYNE,2000)
Les conditions physiologiques de la méditation doivent être connues et respectées par les débutants. La question de la longueur des méditations ne peut être facilement tranchée ; c’est un peu semblable aux états d’hypnose qui peuvent être légers ou profonds et durer peu ou beaucoup de temps. Pour l’apprentissage, de courtes périodes sont mieux acceptées mais les habitués aiment en général pratiquer des méditations qui durent entre 30 et 60 minutes. Inutile de se comparer au Dalaï Lama qui fait environ 5 heures de méditation par jour ; il avoue d’ailleurs lui-même ne pas toujours se trouver en « état de méditation » durant ces 5 heures !
« Ceux qui espèrent que la méditation soit un remède aux difficultés de la vie pourraient être déçus. La méditation devrait être envisagée comme une manière de vivre et non comme une panacée… » (R. PAYNE,2000)
C’est une évidence qu’il est bon de répéter. Dans un cadre thérapeutique et pratiquée avec des personnes compétentes, la méditation peut amener les mêmes résultats que l’hypnose car elle est un état modifié de conscience similaire. Le processus sera souvent beaucoup plus lent mais aussi plus durable car la méditation cherche à établir une conscience de plus en plus vaste et lucide alors que l’hypnose travaille principalement avec le dynamisme de nos processus inconscients.
En guise de conclusion, nous posons la question du sensen méditation.
La méditation, dans quel sens ?
Il y a une relation fondamentale de la méditation avec « la vie et la Vie » :
- D’un côté (le côté face pourrait-on dire), « vie » suppose le caractère naturelet évident de ce que nous vivons, c’est-à-dire le monde extérieur objectif et tout ce que l’on peut décrire d’une manière littérale, sans faire appel à des explications et justifications plus théoriques. Dans ce sens, tout phénomène, par le fait même qu’il est nommé ou qu’il est désigné, fait partie de la vie. Le rêve, les émotions, le monde terrestre et le cosmos tel que nous l’observons ; les êtres vivants, le monde familial, social, la vie du couple, le monde du travail, le sport, le monde scolaire dans le sens de l’apprentissage, tout cela fait partie de l’évidence de la vie. Il s’agit de la vie au sens où elle est ressentie comme ayant intrinsèquement un sens et qu’il suffit de vivre pour en être satisfait. De ce côté (face), ce qui nous apparaît, ce qui nous arrive est « normal », « naturel », il n’est pas nécessaire de se poser des questions sur le bien fondé de la réalité vécue. Avec ce point de vue, même les choses étranges, bizarres ou mystérieuses font partie de la vie et acceptées comme telles sans remise en question.
- De l’autre côté (le côté pile si l’on veut, le côté caché), nous nous interrogeons sur la « Vie », c’est-à-dire sur le sens profond qui sous-tend l’existence de l’homme et de l’univers. C’est là qu’interviennent les mots « théorie », « philosophie », « re-présentation », « abstraction », ce qui nous permet de relier nos expériences dans un tout cohérent. Personne ne voit apparaître la loi de la gravitation universelle quand une pomme tombe d’un arbre (sauf peut-être Newton), mais cela nous rassure de l’apprendre et de savoir que nos pieds sont solidement ancrés sur la terre. Les lois et les valeurs que nous attribuons au réel n’apparaissent pas en tant que telles mais elles sous-tendent et expriment le sens caché de la vie.
La méditation nous donne accès au sens dans tous les sens de ce terme (s’il est possible de s’exprimer ainsi).
En effet, la méditation est à la fois une expérience sensorielle, un sentiment, une quête de sens et une orientation, une direction, un sens particulier (une méthode) : richesse du mot sensqui signifie à la fois un ancrage corporel (aspect physique du mot), une orientation, et une ouverture à la signification qui nous donne un sentiment de bonheur réel en disant « la vie vaut la peine d’être vécue ».
Par la méditation, nous apprenons à intégrer le côté pile et le côté face sans les ressentir comme opposés.
Nous trouvons donc dans la méditation un vécu paradoxal où les deux aspects (ce que nous appelons « la vie et la Vie ») sont indissolublement liés. Le paradoxe est une des caractéristiques fondamentales de la méditation ; tout en étant apparemment «absent(e)» au monde, le ou la méditant(e) cherche une présenceplus profonde et fondamentale au monde.
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Le Soi peut se déployer à l’infini. Plotin a parlé de cette démarche progressive incluant la contemplation de la Nature et la contemplation du« Monde intelligible ». En fait, le voyage entrepris par Plotin aboutit à la découverte de sa propre dimension, de sa beauté. L’homme intériorisé se prépare à la contemplation à la façon de l’oeil en attente d’un lever de soleil(En. V, 5, (32) 8.3-5). Soudain« l’âme voit » que rien ne le sépare de Dieu… « ils ne sont plus deux, mais les deux ne font qu’un ».
DEL VASTO Lanza (1962) Approches de la vie intérieure
Editions Denoël, Paris, France, 332 pages (page 328) : « Cette fin, c’est la conversion de l’intelligence, des sens, de l’imagination, leur renversement vers l’intérieur, pour les faire pénétrer dans l’inexplicable, invisible, essentielle unité vivante qu’est le vrai moi.
Le vrai moi est un point. Cible qu’on vise les yeux fermés. Le moi est un point, mais ce point est un moyeu. Le moindre changement en lui produit des trajets immenses à la périphérie de la roue.
Le moi est un point, mais ce point est une graine. Il y a plus de puissance dans la graine où tout est ramassé en un, que dans le chêne déployé et durci. Tout le chêne était déjà dans le gland. »
de SMEDT Marc (1983), -Techniques de méditation et pratiques d’éveil
Editions Albin Michel, Paris, France, 284 pages (page 29) :
«… l’idée même de méditation qui avant tout est :
-une posture juste
-une respiration profonde
-l’attention à l’instant et au corps
-la purification du mental
-l’être au monde»
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FONTANA David (1995) Le livre de la méditation
(T.O. : « The Meditator »s Hanbook)
Pocket, Paris, France, 349 pages (page 50-51) :
« 1.La méditation peut donner l’impression de posséder un pouvoir personnel et une forme de supériorité. Celle-ci est inutile mais peut de surcroît entrer en conflit avec l’impression plus « objective » du méditant qui ne réussit pas si bien que cela dans la vie de tous les jours. Une autre alternative est que la première peut masquer la seconde à tel point qu’elle empêche le méditant de la regarder en face et de la gérer de façon réaliste.
2.L’état de relatif optimisme et de bien-être rapporté par nombre de méditants peut créer une euphorie illusoire qui entrave en fait toute tentative d’identifier et de réduire les problèmes psychologiques.
3.La méditation peut conduire à une certaine réduction de l’allure avec laquelle on prend les choses en mains et on tient les rênes de la vie. Cette sorte d’allégement peut très bien-être inadéquat à la vie que l’individu doit effectivement mener. Il s’ensuit qu’il peut devenir moinsefficace dans sa carrière comme dans sa vie domestique que par le passé.
4.Pour certaines personnes, cette impression de soulagement et de bien-être qui s’installe avec la méditation peut se transformer dans la conviction que l’on est devenu paresseux et légèrement sybarite ou que l’on perd son temps au lieu de se colleter avec la réalité.
5. Entrer en méditation avec dans la tête des espoirs utopiques et trop élevés risque de conduire à la désillusion quand ce n’est pas à l’aversion pour toute activité tendant à scruter le monde intérieur. »
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Editions Robert Laffont, Paris, France, 1445 pages
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Tome 10, Librairie Larousse, Paris, France, 1984,
HARDY Christine (1991)
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« Il y a de nombreuses formes de méditation en Orient, mais toutes impliquent l’idée d’une pratique dirigée vers un but, le but ultime de la méditation étant la réalisation du Soi global et la fusion avec la Conscience cosmique. Or, on ne peut passer sous silence ni le fait que la méditation soit un ensemble de techniques, ni son but intrinsèquement spirituel, sans en oblitérer le sens. » (page 81)
« Si la méditation n’était que la pratique d’une technique, répétée indéfiniment jusqu’à l’éclosion brusque de la réalisation, nul disciple n’aurait besoin d’un maître. Or, dans cette démarche de connaissance, partout en Orient, on tient pour absolument nécessaire la présence d’un maître ou d’un initié, à certains passages clefs de cette voie. Une méditation qui n’est pas conçue comme un processus est donc une contradiction dans les termes. A ce niveau, on peut parler d’une technique particulière, mais pas de « méditation » à proprement parler. Une définition correcte serait que la méditation est la mise en oeuvre, par certaines techniques d’intériorisation, d’un processus d’éveil visant à atteindre ultimement la réalisation du Soi et la fusion avec la Conscience cosmique.
Le but, bien qu’on le nomme de différentes façons, est le même dans tout l’Orient : réalisation de l’Esprit (le pur Esprit ou purusha, en opposition à la matière prakriti), libération ultime (moksha), fusion avec la conscience cosmique (nirvâna), état d’éveil intégral du Soi (satori), illumination (samadhi), union avec le Tao (la pilule d’immortalité, ou la fleur d’or), etc.
…. Le sens étymologique de yoga est « le joug » (en sanscrit) d’où l’idée de mettre sous le joug l’ascèse; mais, par extension, il signifie le lien, l’union, l’union ultime avec la Conscience cosmique.
…. Tout état de conscience méditatif est vivant, non pas mouvementé, mais animé (empli d’âme), lumineux et énergétique. » (page 82)
…a) La voie de la concentration Cette voie utilise au début la contemplation d’un objet. La première technique consiste à lutter contre toute source de distraction jusqu’à ce que le courant de pensée soit focalisé uniquement sur l’objet de la méditation. A ce stade, il apparaît déjà « de forts élans d’enthousiasme et d’extase, qu’accompagnent plaisir, bonheur et équanimité« . (page 87)
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Tsimtsoum, introduction à la méditation hébraïque
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« Il y a un « art de la lecture » qui est d’abord une pratique déconstructive dont la finalité est la mise en mouvement du langage pour permettre à l’homme de s’inscrire dans un incessant dynamisme de signification.
L' »art de la lecture » que nous proposons se résume dans la formule « lire aux éclats », c’est-à-dire éclatement de ce qui est définitif pour s’ouvrir à l’infinitif. Recherche d’un au-delà de l' »identité enfermée en soi », incapable d’aller sur les voies du futur.
L' »art de la lecture » est une méthode qui ouvre et libère. (page 12-13)
…Le but de la méditation est de s’élever et de trouver le meilleur équilibre physique, spirituel et intellectuel : jouissance d’être. Bien-être au monde.
Même si, chez certains maîtres comme Aboulafia, le but de la méditation est l’extase ou ce qu’il nomme est l’expérience prophétique, on peut utiliser une autre formulation de ce but, celle de la santé de l’être. Comprendre la signification exacte du mot santé exprimé en hébreu permettra de mieux sentir les buts et les fonctionnements de la méditation.
En hébreu, la santé se dit Beriyout (Bèt-rèch, yod-aleph-vav-tav). L’adjectif sain est bari (bèt-rèch-yod-aleph) au masculin et beria (bèt-rèch-yod-aleph-hé) au féminin.
Il est très important de noter que ces mots sont de la même racine que Beriya, qui veut dire « création du monde », et du verbe bara, qui veut dire « créer ».
Etre en bonne santé, c’est donc, pour la pensée hébraïque, se situer dans une position de « création », de récréation incessante de soi et du monde. » (page 124)
PATANJALI – (auteur du 3ièmesiècle avt JC) Yoga-Sutras
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Voir les citations dans le texte
PELLETIER Pierre – 1996
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PAGE 456:
MÉDITATION. Discipline visant à apaiser l’esprit, à le rendre plus attentif et plus ouvert au monde sensible et aux réalités spirituelles.
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Creative Meditation, Inner peace is practically yours
A.R.E. Virginia Beach, 250 pages
PURYEAR Herbert B. – THURSTON M. – 1987
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RINPOCHÉSogyal – 1992
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SARASVATI Swami Sivananda – 1950
La pratique de la méditation
Editions Albin Michel, Paris, France, 376 pages
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Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience
Buchet/Chastel, Paris, France, 420 pages
SCHNETZLER Jean-Pierre – 1994
La méditation bouddhiqueune voie de libération
Albin Michel, Paris, France, 144 pages
SCHULTZ Johannes Heinrich – 1956 “Le training autogène”(traduction de Das Autogene Training, Georges Thieme Verlag, Stuttgart,1932, 9e ed.1956), P. U. .F, Paris, 1958, 338p.
SIMONTON Carl (Dr) – HENSON Reid et Brenda HAMPTON – 1993
L’aventure d’une guérison T.O. : « The Healing Journey«
Editions J’ai Lu, Paris, France, 312 pages
PAGES 109-110:
« La méditation ou l’utilisation consciente de l’imagerie est essentielle pour mener à bien ces transformations. C’est l’outil de base pour intégrer consciemment de nouvelles croyances et les traduire en attitudes inconscientes. Bien que la méditation et l’imagerie soient souvent utilisées pour la relaxation et le plaisir, elles peuvent également servir à ancrer des changements concrets dans votre santé et dans votre vie. Nous commencerons par faire appel à votre imagination pour changer vos croyances à propos de votre maladie, de votre traitement et de la capacité de votre corps à se guérir.
C’est un processus simple que tout le monde peut pratiquer facilement. Souvenez-vous en effet que vous avez toujours utilisé votre imagination. »
TRUNGPA Chögyam – 1972
Méditation et actioncauseries au Centre tibétain Samyê-Ling
Librairie Fayard, France, 171 pages
VIGNE Jacques (Dr) – 1996
Méditation et psychologie
Albin Michel, Paris, France, 311 pages
VIREL André – 1977
Dictionnaire de Psychologie, vocabulaire des psychothérapies
Librairie Fayard, Marabout, France, 341 pages
PAGE 177:
MEDITATIVES (techniques et méthodes). Nom générique donné à des psychothérapies d’auteurs allemands utilisant l’imagerie mentale : Frederking, Happich, Kluge et Thren, E. Kretschmer, W. Kretschmer, Leuner, Mauz, Schultz, entre autres.
Von FRANZ M.L.- 1990 PsychothérapieL’expérience du praticien. (Trad. de l’éd. Allemande)
Ed. Dervy, Paris, 2001, 340 p.
WOOD Ernest E. – 1962
La pratique du yoga (= les aphorismes de Patanjali)
Petite Bibliothèque Payot, Paris, France, 212 pages
– Article « méditation » dans le Thesaurus Tome 2, page 1910
Encyclopaedia Universalis, Paris, France, 1985
-Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse
Tome 10, Librairie Larousse, Paris, France, 198